Dans ma dernière contribution qui avait pour thème « Courir seul, un plaisir non sans risque », j’ai été surpris de constater que les principales réactions concernaient une partie qui m’apparaissait comme secondaire : « Comment réagir face à l’agression d’un chien ? »
Vos réactions m’ont interpellé et démontrent que la confrontation intempestive avec un chien lorsque vous courez seul est une réelle préoccupation pour nombre d’entre vous.
Ayant parcouru, depuis mon enfance, des dizaines de milliers de kilomètres en courant, j’ai été régulièrement confronté à des chiens, voire à des meutes de chiens quand je courais seul (sur l’Ile de Saint-Martin, par exemple). A deux exceptions près, sans dommage, je n’ai jamais été victime d’agression.
Puisque le sujet semble intéresser un grand nombre de coureurs, je propose de développer ici le sujet à partir de mon expérience personnelle.
Partons du chapitre qui vous a fait réagir : Agressions diverses comme celle d’un chien.
- Regardez-le dans les yeux et n’élevez pas les bras,
- D’une voix grave, ferme et forte, dites « Stop » ou « Non » ou ce qui correspondra le mieux selon la langue du dresseur éventuel,
- Reculez lentement puis éloignez-vous. Vous pouvez essayer les pas latéraux,
- Ne tournez jamais le dos au chien qui préférera vous attaquer par derrière,
- Parlez-lui sans vous arrêter en vous éloignant.
Il s’agit évidemment de conseils généraux. En réalité, la confrontation avec un chien obéit à des situations vécues bien différentes. J’ai essayé ici de les catégoriser.
I – Situation la plus courante.
Elle correspond à l’énoncé du chapitre précédent.
Il faut marcher doucement et faire face à l’animal en lui parlant doucement, sans discontinuer. Si le chien se montre agressif, il faut adopter une voix grave, ferme et forte, et lui dire « Stop » ou « Non ».
Finalement, l’essentiel est de ne pas avoir peur des chiens. Plus facile à dire qu’à faire, me direz-vous ! Je vous propose donc d’y voir plus clair quant aux messages que l’on envoie aux chiens lorsque l’on a peur. Un chien perçoit tout aussi bien la peur ou l’hostilité des humains que la bienveillance à leur égard. Il aura toujours plus envie d’aller vers une personne qui a peur que vers une personne qui l’ignore.
II – Situations particulières
1- Rencontre avec les propriétaires de chien :
Face aux propriétaires de chien irresponsables ! Certaines personnes se montrent « je-m’en-foutistes » vis à vis de leur chien qu’ils ne tiennent même pas en laisse. Elles n’ont pas conscience de ce que leur chien pourrait faire. Il ne faut pas réagir de manière agressive ou provocante à ces mauvais comportements. « Ne pas insulter le propriétaire » reste du bon sens. Cela ne sert à rien car ce genre de propriétaires de chiens agressifs peuvent être pires que leurs canidés. Autant trouver une issue sans hausser le ton afin de reprendre la séance rapidement.
2- Face aux chiens de garde :
Le passage devant l’entrée d’une propriété ou la traversée d’un terrain privé peut vous amener à rencontrer un chien de garde bien dressé. Celui-ci a appris, non à vous agresser, mais à vous fixer sur place en attendant que son maître arrive. Si vous bougez, il montre les dents. Si vous restez statique il ne réagit pas. En ce type de circonstance, autant attendre la venue de son maître. Un chien bien dressé est généralement à l’image d’un propriétaire responsable.
3- Face à un chien perturbé :
Lorsqu’un chien a été mal élevé, en particulier lorsqu’il a été privé de tendresse et de sollicitations dans son éducation, il présentera des comportements de peur en de maintes occasions. Si vous croisez ce type de chien en courant, il sera difficile de prévoir ses réactions, sachant qu’un chien peureux aura tendance à mordre s’il se sent agressé, même à tort. Cela signifie que, finalement, les chiens peureux sont ceux qui présentent le plus de risque car il s’agit pour eux de réflexes d’auto défense.
Comment les reconnaître ? « Queue vers le bas ou entre les pattes, oreilles en arrière ou collées à la tête, corps courbé ou posture voûtée, etc. » (Réf. Comment savoir si mon chien a peur / Planète Animal – 1/10/20).
Quelles solutions face à un chien peureux ? Abaissez-vous un peu pour être moins menaçant et à la différence des autres chiens, détournez le regard, ne parlez pas à voix grave, ni autoritaire, ne forcez pas les choses et, peu à peu, le chien prendra confiance et vous pourrez repartir.
4- Face aux chiens errants :
Généralement, les chiens errants ou non accompagnés ne sont pas agressifs et, pour la plupart d’entre eux sont curieux. Il faut donc rester vigilant mais sans céder à la psychose lorsqu’on croise leur chemin.
III – Stimuli hormonaux
1- Peur et transpiration :
Les peurs respectives du joggeur et du chien sont des réactions qui favorisent la transpiration.
Le chien la ressent et peut attaquer si cela lui fait craindre une réaction hostile du joggeur, en particulier s’il a pu avoir affaire à des actes de maltraitance.
2- Quand le chien perçoit les hormones de stress :
Le cortisol, l’hormone du stress, joue un rôle important lors d’une séance de VMA. Le cortisol a une fonction centrale dans la mise à disposition d’énergie sous forme de glucose. De cette manière, le corps reçoit rapidement de l’énergie. Les hormones, l’adrénaline et la noradrénaline, sont principalement sécrétées en cas de charge psychique et physique. Grâce à elles, le corps libère de l’énergie, la fréquence cardiaque et la tension artérielle augmentent et la musculature sollicitée reçoit un apport en énergie.
Si vous faite une séance de vitesse (anaérobie ou VMA) dans un parc en passant à proximité d’un chien, celui-ci risque de ressentir ces hormones de stress et de réagir instantanément de manière agressive.
Quelles solutions dans ce cas ?
Il vaut mieux ralentir ou interrompre quelques minutes la séance pour laisser passer le chien.
IV – Eventuellement, « armez-vous » !
Certain(e) d’entre vous m’ont fait part d’une réelle phobie des chiens, c’est-à-dire d’une peur irrationnelle. Dans ce cas, renseignez-vous sur des moyens techniques de protection : spray au poivre, taser, sifflet… L’intérêt de ces systèmes anti agression sera surtout de vous « mettre en confiance » avant toute sortie dans une zone que vous considérez à priori à risque.
V – En cas d’attaque
Je n’ai aucune compétence pour répondre à cette question. Pour connaître la réponse, autant vous adresser à des spécialistes. En attendant, pour que le dossier soit un peu plus complet, voilà ce que j’ai trouvé sur le site « Guide de survie – Un chien vous attaque. Comment réagir, vous défendre et survivre ? ».
- « Battez-vous !
Vous battre, risque d’augmenter l’agressivité du chien, au moins dans un premier temps. Si vous n’êtes pas sûr de vous, vous pouvez directement vous rendre, la méthode est souvent efficace. Privilégiez les armes pénétrantes (couteaux) aux armes contondantes (type massues) qui donnent peu de résultats.
- Méfiez-vous des chiens en nombre !
La meute a le même effet sur les chiens que sur les supporters de foot, et vos chances diminuent beaucoup. Mais si vous arrivez à neutraliser rapidement le mâle alpha, vous pouvez espérer impressionner le groupe entier.
Protégez votre visage et votre gorge, qui sont les cibles du molosse. Utilisez un objet ou au besoin votre bras gauche (si vous êtes droitier) pour attirer son attention et ses morsures.
Un fois mordu, ne cherchez pas à vous débattre car c’est la situation qui créera les blessures les plus graves, les crocs du molosse pouvant déchirer les chairs.
Lorsque vous êtes saisi, frappez la truffe ou les yeux du chien de votre main libre. Mais retenez que pendant le combat, les chiens d’attaque sont presque insensibles à la douleur : la plupart des autres parties de son anatomie n’est pas très sensible ».
VI – Si la lutte est impossible
Chercher tous les moyens de protection possible : bâton, parapluie, sac, etc. Vous pouvez aussi enrouler un vêtement autour de votre bras de protection. Il vaut mieux que le chien morde cet objet plutôt que votre bras ou vos jambes exposées.
Et si vous tombez, roulez-vous en boule et protégez les endroits les plus sensibles de votre corps (votre nuque et votre visage en l’occurrence) et ne bougez plus.
VII – En ce qui concerne les autres animaux
Attention, vous pouvez subir l’agression d’autres animaux souvent dans des rencontres surprises : sangliers, bovins, etc. En effet, comme l’indique Bruno Dérouané, technicien forestier territorial de l’Office National des Forêts (ONF), « d’Avril à Juillet, ces oiseaux sont en période de nidification ce qui pourrait expliquer l’attaque. Le déplacement rapide du joggeur ainsi que le martellement des pas au sol ont pu déclencher une réaction de défense chez les oiseaux ».
VIII – Vive les chiens !
Je n’aimerais pas terminer cette contribution en donnant l’impression que la rencontre du jogger avec un chien est synonyme de « problème ».
Tous les grands coureurs de fond pourraient relater de belles histoires de rencontres où des chiens les ont joyeusement accompagnés sur une partie de leur parcours.