Pas de miracle en compétition !

Chaque dimanche, je reçois des retours d’athlètes sur la manière dont s’est déroulée leurs participations à des compétitions.

Enthousiasme, succès, plénitude, sérénité, doute, regret, échec… Toute une gamme de sensations peut ainsi s’exprimer.

J’aimerais aborder ici une réaction bien particulière, ce sentiment de frustration de tous ceux qui ont fait un pari de réussite sur un point fort ou quelques atouts au détriment d’une préparation raisonnable et adaptée.

 

Commençons par quelques exemples, dans lesquels on pourrait tous se reconnaître, un jour ou l’autre…

1) Je ne comprends pas, j’ai effectué un semi, il y a un mois avec succès. Sans expérience de marathonien, j’ai adopté pour ce marathon la tactique suivante : première moitié un peu moins vite que mon semi, 3ème quart, je m’accroche à un groupe de mon niveau et 4ème quart, je termine comme je peux.

Sauf que je me suis écroulé au 36ème km, j’ai marché et terminé une trentaine de minutes plus tard que ce que j’avais prévu.

2) Je ne comprends pas, pour me préparer à ce 10 km, j’ai effectué beaucoup de séances de vitesse pure et de VMA, j’étais vraiment en forme. Au départ, ce matin, j’avais de bonnes sensations, je suis parti avec le groupe de tête…

Sauf qu’au 7ème km, j’ai craqué, je n’avais plus rien dans les jambes et je termine loin de mon objectif.

3) Je ne comprends pas, il y a 3 semaines, j’ai effectué un semi en 1h31. Je me suis donc préparé activement pour passer sous les 1h30 avec 5 entrainements par semaine, soit deux de plus que d’habitude pour être fin prêt ce matin.

Sauf que si j’avais près de 5’ d’avance sur mon chrono au dixième km, j’ai rencontré un premier passage à vide au 12ème puis au 16ème km et finalement, je termine en 1h32, grgrgrrrrr…

4) Je ne comprends pas, je me suis bien préparé pour ce 5 km, j’ai toujours terminé mes séances de VMA plus rapidement que les objectifs de temps que tu m’avais recommandés. Quasiment toutes mes séances de VMA se sont bien passées. 

Sauf que la compet. de ce matin ne s’est pas du tout déroulée comme prévue. J’avais le sentiment d’être fatigué avant de la débuter et je suis très déçu du résultat…

 

Que déduire de ces constats ?

Dans le cas 1) : l’erreur principale est d’avoir sous-estimé le temps minimum de préparation d’un marathon : entre 1 et 3 ans.

Dans le cas 2) : l’erreur principale est d’avoir optimisé sa vitesse pure au détriment de sa vitesse spécifique sur 10 km.

Dans le cas 3) : l’erreur principale est de ne pas avoir programmé correctement la seconde compétition (non-respect des cycles).

Dans le cas 4) : l’erreur principale est de ne pas avoir respecter les allures lors des séances de VMA ce qui a favorisé la filière anaérobie au détriment de la filière aérobie (portant majoritaire pour un 5 km).

 

Analyse

Dans les quatre cas, certains paramètres avaient été valorisés au détriment d’une programmation complète, équilibrée et cohérente. 

Peter Drucker a écrit : « La raison d’être d’une organisation est de permettre à des gens ordinaires de faire des choses extraordinaires ».

Il faut bien avouer que cette organisation générale à objectif de compétition a bien un côté rébarbatif en faisant et en refaisant de multiples séances qui visent à renforcer de manière graduelle un certain nombre de facteurs physiques, physiologiques et psychologiques.

En d’autres termes, si on veut progresser et réussir en compétition, l’enjeu n’est pas de s’entrainer comme on a envie mais de s’insérer dans un processus profond et progressif.

Au bout de ce processus, notre corps apprend à se réguler sur une foulée, une fréquence, une allure sur toute la durée de l’épreuve.

Ensuite, l’expérience acquise par la répétition d’un même type d’épreuve nous apprend à être réactif et à nous adapter à tout un tas de facteurs externes : profil de l’épreuve, conditions météo, etc.

 

Alors, pas de miracle en compétition ?

Si ! Une fois sur dix ou une fois sur cent, peu importe, on « vole » littéralement, on se sublime lors d’une compétition en battant un record qu’on ne battra plus jamais… 

Est-ce un miracle ?

Si cela en est un, notons qu’il dépasse généralement un long travail de préparation. 

 

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