A propos des compétitions intermédiaires

A propos des compétitions intermédiaires

Il est fréquent qu’un athlète informe l’entraîneur de sa volonté d’effectuer une compétition spécifique comme un objectif majeur d’une saison et interroge ce dernier sur la manière d’effectuer des
compétitions intermédiaires. Cette interrogation est loin d’être secondaire.
L’expérience prouve qu’une mauvaise programmation d’épreuves intermédiaires ou une gestion inadaptée de celles-ci peut aboutir à l’échec de la compétition sur laquelle l’athlète fonde beaucoup
d’espoir (que l’on va nommer ici « compétition X »).
Nous verrons dans cette contribution les erreurs classiques dans ce domaine et les avantages à participer à des épreuves judicieusement placées dans l’agenda sportif.

1) Les conséquences négatives des « mauvaises » épreuves de préparation

Une dernière épreuve effectuée « à fond » à proximité de la compétition X
Typiquement, effectuer à la limite de ses forces un semi 4 semaines avant un marathon. Il s’agit d’une double erreur :
– cette pratique aura tendance à déréguler sa VS lors de la compétition X (généralement, l’athlète contrôle mal son allure en partant trop vite, au premier semi, le jour J).
– les quatre semaines restantes sont insuffisantes pour récupérer totalement, tant mentalement que physiquement.

Une dernière épreuve trop proche de la compétition X
Typiquement, effectuer un semi 15 jours avant un marathon. Même effectué sans excès (contrairement au cas précèdent), les quinze jours suivants sont insuffisants pour permettre une récupération totale.

Une programmation « chaotique » des épreuves
Généralement, l’athlète répond positivement à des sollicitations individuelles au sein des clubs pour participer à des épreuves sans aucune logique avec la planification des entraînements pour attendre un objectif le jour J.
Peuvent ainsi se succéder des épreuves de distances et de profils variables et de manière totalement aléatoire. Mais il peut aussi s’agir d’une programmation d’une épreuve qui casse la logique d’un programme d’entraînement d’autant qu’une compétition est précédée d’une phase d’allègement et d’une phase de récupération.

Annuler les bénéfices du travail d’affutage
Rappelons le principe du travail d’affutage : il s’agit de la dernière phase de travail dans un programme de préparation d’une compétition. Elle prolonge la période dite de développement spécifique.
Pour être efficace, elle a besoin d’être bien construite.
Durant ce dernier cycle, le volume va diminuer fortement. Cependant, on conserve des séances intensives afin de préserver les bénéfices des semaines d’entrainements précédentes.
Durant cette période, on rectifie ou on optimise les derniers paramètres techniques. Il s’agit donc de séances de qualité. Substituer à cette période ou y ajouter une compétition intermédiaire est totalement contreproductif.

2) Les avantages des bonnes épreuves de préparation

Elles permettent de bien caler la VS lors de la compétition X
Par exemple, il est plutôt utile d’effectuer un semi à 4 semaines d’un marathon mais en effectuant celui-ci à allure marathon. Cela représente de nombreux avantages, parmi lesquels :
– effectuer cette épreuve avec aisance dans ces conditions et sentir une réserve suffisante à l’issue de celle-ci, ce qui valide le choix de l’allure retenue. A l’inverse, un trop grand épuisement ou une trop grande facilité permet de pondérer négativement ou positivement cette VS.
– valider une étape de préparation, surtout lorsque l’on change de saison ou éventuellement que l’on sort d’une période de convalescence
Elles permettent de ressentir l’atmosphère du jour J
Tous les athlètes d’expérience savent bien que les conditions d’une compétition ne ressemblent jamais à une distance équivalente effectué à la même allure à l’entraînement.
Pour les athlètes débutants, s’habituer au stress, aux conditions de départ, à l’insertion au sein d’un peloton et à la gestion d’une allure au sein d’un flot de coureur permettent d’acquérir de l’expérience pour le jour J.
Mais pour les athlètes débutants, cela peut aussi être l’occasion de tester le matériel, l’hydratation et l’alimentation dans les conditions proches de la compétition X.

 

3) A quel moment effectuer des compétitions intermédiaires ?

– En période de développement général, au terme d’un programme de développement d’un paramètre comme la vitesse, la puissance ou la gestion des dénivelés.
– A la jonction entre la période de développement général et spécifique.
– 15 jours avant pour un 5 km en prévision d’un 10 km, mais effectué à allure 10km.
– 3 semaines avant pour 10/12 km en prévision d’un semi, mais effectué à allure semi.
– 4 semaines avant pour un semi en prévision d’un marathon, mais effectué à allure marathon.

4) Conclusion

Il peut être avantageux d’effectuer des compétitions intermédiaires :
– si le nombre de semaines qui vous sépare du jour J est largement supérieur au minimum * nécessaire,
– si le temps de récupération entre la dernière épreuve et la compétition X est suffisant,
– si les compétitions intermédiaires s’insèrent intelligemment au sein de la programmation générale des entrainements pour atteindre son objectif le jour J.

L’intérêt est de :
– valider son niveau potentiel et confirmer l’allure spécifique qui sera retenue le jour J,
– d’apprendre à maîtriser cette allure dans l’atmosphère si particulière d’une compétition,
– et, de manière générale pour les débutants, de découvrir et donc mieux se préparer ensuite cette atmosphère (organisation, stress, foule, etc.).

* Par exemple : 2 mois pour un semi et 3 mois pour un marathon

Christian rebollo

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