Est-il dangereux de courir par grand froid ?

Est-il dangereux de courir par grand froid ?

La notion de « froid » est parfaitement subjective et ceci pour des raisons différentes, parmi lesquelles on peut citer :
– une sensibilité différente des populations habituées à des climats bien différents,
– une sensibilité au froid variable d’un individu à l’autre,
– un ressenti au froid variable chez un même individu d’une période à une autre.

Est-ce que les basses températures représentent un handicap en athlétisme ?

« Au niveau cardio-vasculaire, la chute des températures porte à une hausse des performances. En effet, le cœur préfère travailler lorsque la température extérieure est sous les 10°. La fréquence cardiaque a tendance à baisser en moyenne de 5 battements par minute tandis que le débit cardiaque (volume de sang éjecté à chaque battement) a lui tendance à augmenter. Les études montrent d’ailleurs que la température idéale pour performer sur une course d’endurance comme le marathon est de 5°C. »
Ref : U-Run – Courir l’hiver : quelles sont les incidences de la course par temps froid ? – 27/01/2014.
Dès lors, existe-t- il un seuil au-dessous duquel il est objectivement dangereux de courir ?
Ce seuil se situe entre -5 et -10°C, encore faut-il préciser que ce seuil peut d’autant plus être abaissé que les conditions de jogging et les qualités de protection sont adaptées.

Analyse

Par grand froid,
– Le flux sanguin diminue en conséquence d’une vasoconstriction des artères. Dès lors, le transport de l’oxygène se trouve réduit, ce qui peut entrainer angine de poitrine ou infarctus du myocarde.
– D’une part, les ligaments et tendons perdent une part de leur mobilité et élasticité, d’autre part, la vitesse et l’intensité de contraction musculaire s’abaissent. D’où l’émergence de pathologies classiques : tendinite, contractures, etc.
– L’air inspiré trop froid n’a pas le temps de se réchauffer complétement lorsqu’il est inhalé. Cela peut engendrer :
* une irritation au niveau de la gorge, une sensation de brûlure au niveau de la trachée et des poumons, jusqu’à avoir le goût du sang dans la bouche,
* une respiration sifflante.
– Les potentialités de risque sont aggravées chez les athlètes porteurs de fragilités ou de pathologies récurrentes. Chez des sportifs de plus de 55 ans, les facteurs de risque associent l’âge, le sexe et des facteurs de risque cardio- vasculaires comme le diabète, l’hypercholestérolémie ou le tabagisme actif. Idem pour les asthmatiques, sensibles à une irritation de la muqueuse bronchique.

 

Quelles précautions faut-il prendre en termes d’équipement ?

De nombreux sites présentent une liste complète d’équipements (nécessaires ou superflus). Voici les équipements réellement indispensables par une température inférieure à – 5°C :
– S’équiper de chaussures de trail (ou autres, adaptées au terrain).
– Trois couches de vêtements sont nécessaires, et si possible des vêtements techniques (T-shirt d’athlétisme, vêtement intermédiaire, veste coupe-vent chaude),
– Protégez toutes les extrémités (front, nuque, oreilles, mains, pieds) qui sont d’importantes sources de déperdition de chaleur (30% rien que pour la tête),
– Éventuellement un collant sous le pantalon de survêtement et des chaussettes adaptées à l’hiver.

Quelles précautions faut-il prendre en termes d’entrainement ?

– Si possible, s’échauffer préalablement en zone protégée, afin d’augmenter progressivement la température du corps et la chaleur musculaire,
– S’échauffer plus longuement et plus graduellement que d’habitude,
– Si possible, inspirer par le nez et expirer par la bouche,
– A moins d’être un athlète expérimenté, supprimer les séances de vitesse pure,
– Face au vent * (par température inférieure à -5°C), se protéger totalement le visage (col, cagoule, lunette de ski **, etc.),
– S’hydrater régulièrement. La déshydratation fait chuter les performances, assèche la peau, provoque éventuellement des maux de têtes, des tendinites et autres problèmes de santé.
– Au bois de Vincennes, tenir compte de la pollution atmosphérique, pollution habituelle mais dont le grand froid peut aggraver les conséquences.

En conclusion

Sous les réserves précitées, courir par grand froid n’est pas à proscrire. En ce type de circonstances, avoir la possibilité de courir dans un bois, à la campagne ou en montagne est très agréable et laisse d’excellents souvenirs.
Pour cela, il faut accepter de voir sa vitesse réduite (environ 10 secondes au kilomètre pour une allure d’endurance), tenir compte des risques accrus de chutes (plaques de verglas, ornières gelées) et, si possible, courir contre le vent en début de course et l’avoir dans le dos au retour.

* Plus le vent souffle fort (ou plus on court vite), plus la température ressentie baisse. A une allure de 10 km/h par exemple, sans vent, à -5°C de température extérieure, la perte sera de 4°C. Mais si l’on court face à un vent de 20 km/h (soit l’équivalent d’un vent de 30 km/h), ce sont 8°C qui sont perdus. Tout se passe donc comme si l’on courait à une température de -13°C ! Réf. : Philippe Baudoin © 5 conseils pour courir en hiver dans le froid – Sport Passion
** Sinon, le refroidissement

Christian Rebollo

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