Ségolène nous livre ses impressions sur son premier trail long, la SaintExpress, course nocturne connue pour ses conditions météorologiques très souvent défavorables.
« La plus longue distance que j’avais courue sur route était celle du marathon et en trail un semi-marathon. Je ne savais donc pas comment j’allais réagir face à ces 44 km (45 km en faite) et 1000 m de dénivelé positif. J’y allais principalement pour le plaisir, je n’ai d’ailleurs pas fait de prépa particulière, avec pour seul objectif de passer l’arche en moins de 6 heures.
Après 50 minutes de bus (plus de 15 000 coureurs à acheminer aux différents départs, ça en fait des bus, mais quelle organisation !) et une bonne heure d’attente, le départ est donné à 23h30. Les premiers kilomètres passent assez rapidement avec de bonnes sensations, surtout en descente, mais je le sais, je suis partie un peu trop vite. Rapidement, la pluie pointe le bout de son nez. Elle ne nous quittera pas pendant toute la course et s’amplifiera même au fil des heures, rendant le terrain de plus en plus boueux. Mais je suis aussi venue pour ça : courir de nuit, sous la pluie et dans la boue.
Je m’arrête au deuxième ravito, autour du 22ème km. Les jambes commencent à tirer (déjà !) et je sais que ce ne sont que les premiers signes de fatigue, mais avec ce rythme, je me dis qu’il m’est possible de finir la course en 5h30. Je repars rapidement, sous la pluie, un peu frigorifiée, mais je me réchauffe assez vite. Là, je dois dire que jusqu’au troisième ravitaillement (34ème km), c’est un long combat contre moi-même qui s’entame : mon allure diminue, je suis complètement trempée, les jambes tirent, une crampe menace de se déclencher au mollet droit à tout moment, et les longues pensées qui peuvent nous torturer, nous coureurs, ne me quittent pas. Mais j’ai la chance de partager cette course avec un ami. Alors je finis par débrancher le cerveau et je profite même de chaque flaque d’eau fraîche pour rafraîchir ce fameux mollet (mes chaussures sont pleines d’eau depuis un bon moment maintenant, je ne suis plus à une flaque d’eau près !). Je ne pense désormais qu’à arriver au troisième et dernier ravitaillement : il ne me restera plus que 12 km, et ces derniers, je les finirai, coûte que coûte.
Au 34ème km, la tente de ravitaillement tant attendue est là !! A vrai dire, j’y rentre submergée par les émotions, mais je sais désormais que je passerai sous l’arche de la Halle Tony Garnier. Je profite de cette pause pour m’étirer et bien boire. Un petit coup d’œil à la montre : les 5h30 vont être difficiles, mais pour les 6h, ça devrait être bon ! Alors c’est reparti pour la dernière ligne droite, et probablement la partie pendant laquelle j’ai le plus profité. Je me rends vraiment compte qu’il pleut à torrent quand sur les portions de bitume, je vois l’eau ruisseler sur la route, et que sur les chemins se forment des ruisseaux. Mais que ce soit la longue et abrupte côte à quelques kilomètres de l’arrivée ou les escaliers en fin de parcours, j’ai le sourire accroché aux lèvres et un immense plaisir à courir la Saintexpress, jusqu’à cette ligne d’arrivée que je passe en 5h39. J’étais venue pour repousser mes limites et je pense que la case est cochée. J’ai adoré courir de nuit et sous la pluie ! Bon, le prochain trail, ce sera quand même de jour (et pourquoi pas avec un peu plus de D+) : j’ai envie de voir du paysage et de fouler la montagne ! »