Le souffle de la liberté post confinement vécu par Jean

Le souffle de la liberté post confinement vécu par Jean

Pendant le confinement dans mon studio de 25 m2, je faisais un rêve récurrent, délicieux et sans nul doute compensatoire: je courais éperdument dans la nature à l’occasion d’un trail sans fin. Ce ne fut donc pas tout à fait par hasard que je decidai de me joindre à un ami coureur de longues distances qui préparait une course itinérante le long des côtes bretonnes. J’allai assouvir mon rêve de confiné jusqu’à la démesure. Je ne fus pas déçu.

Certes, la réalité est régie par des lois de la pesanteur que le rêve ignore. Comme si cela ne suffisait pas, je n’avais plus fait la moindre sortie longue depuis des mois et il s’agissait de prendre le départ à Plouharnel (Morbilhan), près de Quiberon, pour arriver 6 jours plus tard à Pont-Aven (Finistère) avec en bonus un aller-retour Pont-Aven/Port-Manech. Mes jambes redécouvrirent des sensations oubliées, pour ne pas dire inédites car il s’agissait de courir entre 30 et 40 km par jour sur des sentiers suffisamment roulants pour ne pas avoir à marcher longtemps, mais néanmoins casse-pattes et nécessitant d’innombrables relances. D’abord surprise, toute la partie inférieure de mon corps s’est perfidement rebellée en simulant une pétrification réaliste. L’organisme recèle pourtant des ressources insoupçonnées. On a beau finir chaque étape rincé, lessivé, essoré voire complètement rétamé, on arrive toujours à repartir le lendemain matin avec la sensation d’avoir gagné toujours un peu plus d’endurance. Et il en fallait pour venir à bout des terribles rias qui s’enfoncent loin dans les terres et font faire d’interminables détours!

La récompense de tous ces efforts peut se résumer dans un kaléidoscope d’images: ocres automnaux des fougères sous les pins, mégalithes plus bretons que nature, landes battues par le vent, côtes de schiste et de granit spectaculairement déchiquetées, horizons infinis de l’océan, fraîcheur des forêts de chataîgners à l’intérieur des terres, sans oublier les paysages urbains insolites, à commencer par Lorient et sa base navale!

Le maillage urbain étant irrégulier sur le parcours, nous avons eu recours à diverses formules d’hébergement, de Airbnb aux gîtes d’étape, en passant par les auberges de jeunesse. Le corps assimile et redemande les spécialités culinaires qui se présentent tout au long du chemin. Au terme d’un régime de crêpes en tous genres, de coquilles Saint-jacques, de kouign-amann, etc… arrosés de lait ribot, on arrive toujours plus léger qu’on ne l’était au départ, aussi peut-on s’empiffrer sans état d’âme!
C’est avec ce carburant (et la perspective d’un prochain ravitaillement) que j’ai allongé une dernière foulée sur le port de la très picturale ville de Pont-Aven, terminant une course par étapes de 184 km en tout, avec un dénivelé de 4000 m. Une âme très charitable nous a ensuite véhiculés et hébergés à Quimper où nous avons passé une dernière journée bretonne sous le soleil, avant de trouver la pluie à Paris.
Depuis le depart et plus que jamais à présent, l’envie me titille de pousser l’expérience plus à l’ouest, vers Audierne et la pointe du Raz, ce qui donne quelques éléments pour un éventuel périple futur.
  
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